Notre traversée de l’Arménie continue. Après avoir découvert le Nord du pays et les environs de la capitale Erevan, notre route se dirige à présent vers le sud pour rejoindre tranquillement la frontière iranienne.
Les paysages n’arrêtent pas de nous émerveiller. On en oublierait presque le mauvais état de la route quand on fait des bornes. Un vrai sentiment d’être ailleurs, de dépaysement, loin de notre environnement naturel habituel. Les virages s’enchaînent à travers les montagnes, nous laissant apercevoir des étendues arides, des sommets enneigés, d’immenses canyons… Chaque jour, cette impression d’être seul en milieu sauvage tant la nature est grandiose et la présence humaine vite oubliée.
Le sud de l’Arménie se dévoile au fur et à mesure des kilomètres et ne fait que confirmer la beauté de ce pays.
Les environs de Yeghenadzor
Si j’étais quelqu’un de logique j’enlèverai le « Y » au début du nom de cette ville comme je l’ai fait pour Erevan qui s’écrit normalement Yerevan. Allez savoir pourquoi les noms des villes arméniennes perdent leur « Y » en Français.
Cela étant souligné, revenons-en à Yeghenadzor, cette petite ville située à 1h de route au sud du lac de Sevan et portant le nom d’un dinosaure, d’après une interprétation personnelle. Nous y avons fait un arrêt car nous étions en quête de croquettes pour notre petite chatte Rouflaquette. Si celle-ci fût vaine, elle nous a permis de visiter la ville accompagnés d’un couple franco-libanais d’origine arménienne, croisé dans la rue principale.
On retiendra surtout ce moment convivial à Yeghenadzor. Ainsi qu’une architecture peu esthétique à la mode soviétique, le monument central de « La Cascade » exposant quelques armes de l’artillerie arménienne et une atmosphère générale plutôt détendue. L’arrêt n’est donc pas indispensable mais Yeghenadzor est un bon camp de base pour visiter les environs.
Le caravansérail de Sélim
Depuis le lac de Sevan pour rejoindre Yeghenadzor, la route se faufile à travers les montagnes. Au sommet de l’une d’entre elles se trouve le petit caravansérail de Sélim, construit en 1332 par Charles d’Orbélian. Jadis, les marchands du monde entier se retrouvait ici pour échanger marchandises, épices et se reposer car c’était un carrefour important de la route de la soie. Ce rapide arrêt nous a rappelé ce que signifie vraiment le mot « nomade » et nous a permis une vue imprenable sur les environs.
La vallée de Yeghegis
La vallée de Yeghegis est un petit joyau naturel d’Arménie avec une Histoire riche.
Elle est située à une vingtaine de kilomètres au nord de Yeghenadzor. On quitte alors la route principale pour s’enfoncer au cœur de cette vallée rocheuse aux couleurs cuivrées, dominée par de nombreux sommets.
Historiquement, Yeghegis a accueilli la grande famille d’Orbélian qui a régné sur la région pendant de nombreuses années. Puis elle a été un point de chute pour des familles juives en exode. Preuve de ces époques, les pierres tombales où sont enterrés les descendants de la famille d’Orbélian et le petit cimetière juif du village.
Randonnée dans la vallée de Yeghegis
Départ : le village de Yeghegis
Durée : 3h aller/retour
Un chemin de randonnée grimpe derrière le village de Yeghegis pour rejoindre le monastère de Tsakhatsqar (bon courage pour la prononciation ) dominant toute la vallée.
A notre arrivée nous sommes accueillis par un duo de bergers attablé devant le monastère, entourés d’une meute de chiens plutôt impressionnante. Ils partagent leur repas avec nous et offrent quelques shooters d’alcool de pommes local à Fred qui reprend la randonnée « le cerveau engourdi ».
Le monastère de Tsakhatsqar est perché au sommet d’une montagne. Sa couleur orangée se fond à merveille dans le paysage. Ce petit coin perdu permet une jolie vue sur la vallée.
Nous redescendons du monastère et continuons notre chemin vers la forteresse de Smataberd construit sur le sommet voisin, par la fameuse famille d’Orbélian. Les fortifications sont en parfait état et on peut découvrir l’endroit à notre guise. On ne pourra s’empêcher de grimper sur les murs pour avoir une vue panoramique.
Une famille en visite, nous proposera une séance photo. « Caro et Fred » en invité exotique sur les albums photos de famille arménienne 2019!
Nous redescendons tranquillement vers le petit village de Yeghegis, profitant des rayons dorés du soleil baignant la vallée dans une douce atmosphère.
Spot de nuit vallée de Yeghegis : 39.863189, 45.341503 Juste à côté de la route principale mais à l’abri des regards, au beau milieu de la vallée. Juste à côté du village de Yeghegis c’est idéal pour visiter le coin.
Le monastère de Noravank
L’Arménie est le pays des monastères. Il y en a partout, même dans des endroits reculés et toujours parfaitement entretenus. Celui de Noravank fait partie du petit groupe des prisés. Il fût fondé entre le XIIIéme et le XIV éme siècle et devint le Mausolée de la famille d’Orbélian.
Situé à 20kms de Yeghnenadzor il a été construit au fond d’une Gorge.
L’originalité de l’édifice vient de sa couleur ocre, presque rouge qui se fond parfaitement dans les falaises abruptes environnantes. Sa façade est joliment sculptée et des petites marches à flanc de mur mènent au clocher. Dans la cour, on s’engouffre dans un trou noir allant sous terre. Le mystère d’une découverte extraordinaire plane jusqu’à y trouver une grosse pierre et une boîte à chaussures avec quelques pièces #deception.
On a vraiment apprécié la découverte de ce monument dans cet écrin naturel lui apportant tout son charme. Le monastère de Noravank est un incontournable d’Arménie et un site prisé pour les photos de mariage, baptême et autre moment religieux important des familles arméniennes.
Spot de nuit près de Noravank : 39.734996, 45.250582. Au bord de la rivière , un endroit calme et agréable où passer la nuit après ( ou avant) la visite du monastère.
Les sources chaudes de Jemruk
La petite ville de Jemruk est située à 47 km de Yeghenadzor, soit à 1h30 de route. Il faut quitter la voie principale se dirigeant vers Goris pour en emprunter une secondaire se faufilant à travers la montagne. Comme à chaque fois qu’on roule en Arménie on en prend plein les yeux.
La ville de Jemruk était un lieu de détente pour les vacanciers russes quand le bloc de l’URSS existait encore. Les environs de Jemruk étant reconnus pour les bains chauds on est venu pour les tester (et non pour venir visiter un lieu de villégiature russe ).
Les bains chauds naturels se trouvent au beau milieu de la forêt. N’ayant pas de véhicule adapté et préférant marché 45 minutes nous entamons notre balade au milieu de ruines totalement rouillées. Après quelques minutes sur le sentier, nous croisons un duo suisse attendant sagement notre venue au pied d’un panneau. L’inscription « attention présence d’ours » ne les a pas rassuré… Et moi non plus. Nous continuons la promenade. Quelques traversés de rivières plus tard et nous voici sur un sol orangé avec une espèce de bouche d’égout carré rempli d’eau qui bouillonne. On s’interroge. Quelques mètres plus loin on trouve un bassin fumant, en forme de cœur, au bord d’une rivière glaciale et au beau milieu d’un grand espace dégagé
On décide de se jeter à l’eau dont la température doit avoisiner les 25°C – 35°C ( personne n’a réussi à se mettre d’accord ). A 5, on est complet dans le bassin à l’odeur de fer. On fait trempette un moment mais je ne peux m’empêcher de scruter les environs au cas où un ours déciderait de venir troubler ce moment de détente à l’intimité limité.
Avec Fred, on décide de se rincer dans la rivière pour enlever cette odeur d’acier sur notre peau. J’ai cru que j’allais y laisser mes orteils tellement l’eau était gelée, ça valait bien le coup de prendre un bain chaud juste avant tiens!
Propres et secs nous reprenons le chemin du retour. Une fois le panneau indiquant les ours, passé on se sent plus en sécurité…
Les paysages autour de Jemruk sont vraiment très jolis et le bain chaud au milieu de nulle part est une chouette expérience. Si vous avez le temps, n’hésitez pas à faire ce détour.
Goris et ses environs
Goris est située au sud est de l’Arménie.
Contrairement à la grande majorité de l’urbanisation du pays où le tuf rose domine, Goris est construite en pierres grises. Même si cette ville n’est pas totalement dénué de charme, c’est surtout ses environs qui sont d’une indéniable beauté. Cette petite cité est entourée de cheminée de fées apparaissant en toile de fond quand on se balade dans ses rues.
Le pont suspendu de Khndzoresk
A dire vrai on avait cru lire que Goris était une ville troglodyte qu’on surnommait « petite Cappadoce « . Notre déception fût grande quand on s’est mis à chercher ce fameux « air cappadocien » sans le trouver. ( 2 jours après nous repassons à Goris. Le ciel totalement dégagé, nous trouvons l’air ).
Finalement s’est en s’éloignant de la ville que l’on a compris d’où lui venait ce surnom. A 7kms, en empruntant un chemin poussiéreux, on atterrit au bord d’un canyon… les cheminées de fées font leur apparition. Mais le clou du spectacle c’est le pont suspendu au-dessus de cet incroyable canyon où des habitations troglodytes témoignent du passé des lieux. Khndzoresk était à la base un village creusé dans la pierre, autour de ce canyon et habité jusqu’au début du XXéme siècle.
La traversée du pont est gratuite, assez vertigineuse et permet un point de vue unique sur cet endroit original.
Randonnée: des chemins partent de Goris pour rejoindre ce canyon. On a vu des marquages mais la météo capricieuse ne nous a pas permis de balade.
Tatev : monastère et canyon
On nous avait prévenu : « Tatev c’est super beau« . Comme d’habitude depuis que l’on est en Arménie, on se doutait bien que ce n’était pas le village qui allait nous éblouir mais son environnement.
Wings of Tatev : le téléphérique
Tarifs Wings of Tatev : 5000 Dam (9,5E) aller / 7000 Dam (13E) aller, retour dans un temps limité / 9000 Dam (17,3E) aller, retour
C’est l’attraction du coin. Wings of Tatev n’est pas une spécialité culinaire de poulet panné mais le plus long téléphérique sans escale du monde avec sa traversée de 5,7 kms au-dessus d’un canyon. Il permet de rejoindre le monastère de Tatev . Son tarif nous a carrément refroidit mais apparemment l’expérience est assez inoubliable!
Le Monastère de Tatev
Le monastère de Tatev date du IXéme siècle. Il était l’une des universités monastiques les plus avancées d’Arménie. A force de visiter ces édifices religieux quotidiennement en Arménie, notre œil critique s’aiguise…ou se lasse. Finalement ce qu’on préfère dans ces édifices religieux c’est leur environnement. A Tatev, nous n’avons pas mis de temps à faire le tour du complexe, par contre on a pris de la hauteur pour avoir un autre point de vue. La magie a opéré. Perché au-dessus du canyon, construit sur une petite plate forme au bout d’une falaise, le site est vraiment unique.
Le pont du diable
Si comme nous vous ne vous laissez pas tenter par le plus long télécabine du monde, il est possible de rejoindre Tatev par la route. D’ailleurs, ces quelques kilomètres permettent de superbes points de vue sur la gorge. Arrivés au plus bas, on n’a pas vraiment vu de pont. Par contre il y a deux bassins d’eau chaude et des départs de randonnées.
Le Barev Trail. Départ du pont du diable pour rejoindre le monastère de Tatev. La météo n’étant pas avec nous on ne l’a pas tenté mais on pense que la balade doit être sympa. 5kms aller.
Spot de nuit à Tatev : 39. 418951, 46.307964 . Juste à côté du parking du télécabine. Au bout d’un chemin, un terrain plutôt plat en herbe avec une superbe vue sur le canyon.
Le Haut-Kharabag ou Artsakh
Le Haut-Kharabag est une région disputée, située entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie.
Pour l’Histoire, ce territoire à la base arménien a été intégré à l’Azerbaïdjan pendant la période soviétique. Depuis la dislocation de l’URSS, Artsakh, a majorité peuplée d’arménien (95%) lutte pour son autonomie ou son rattachement à l’Arménie. Aujourd’hui c’est une République autoproclamée, non reconnue par l’ONU.
A savoir pour visiter le Haut – Kharabag
- Vous n’avez pas besoin de visa pour aller au Haut- Kharabag. Au passage frontière, il y a juste un papier à remplir. Les douaniers notent ensuite le numéro de passeport et de carte grise dans un cahier . En échange on obtient un visa autocollant en main propre.
- On ne vous demande pas non plus d’assurance pour votre véhicule
- Le passage de frontière est possible uniquement côté arménien.
- Le gouvernement Azerbaïdjanais prend très mal la situation de ce territoire. Il est interdit de venir en Azerbaïdjan si on a voyagé auparavant dans le Haut – Kharabag.
- La situation est encore conflictuelle entre l’Azerbaïdjan et le Haut – Kharabag. Il est déconseillé d’aller dans la zone frontalière où des conflits sont fréquents.
- La population est extrêmement chaleureuse et curieuse.
A visiter au Haut -Kharabag
Nous n’avons pas fait tout le tour de la région mais un aller/retour jusqu’à la capitale Stepanakert. Les principales attractions de ce territoire montagneux se concentrent autour de la grande ville.
La ville de Sushi (qui m’a donné très envie d’en manger) est située à une dizaine de kilomètres de Stepanakert. C’est un savant mélange de bâtiments à l’abandon, de ruines, d’inachevé et de construction flambant neuve. Le monument de Sushi est la cathédrale St Ghazanchetsots d’une incroyable blancheur.
Le canyon de Hunot entre Stepanakert et Sushi
Le monument « We are our mountains » à Stepanakert. Très certainement le symbole le plus marquant d’ Artsakh. Il représente un homme et une femme Papik et Tatik (grand père et grand mère) dans leurs tenues traditionnelles. La forme de l’édifice n’est pas non plus un hasard, mais redessine la silhouette du Mont Ararat, fort symbole de l’Arménie même si cette majestueuse montagne est aujourd’hui en Turquie. PapikTatik a été fortement décriée par l’Azerbaïdjan à sa construction puisqu’elle représente la forte identité des habitants de l’Artsakh et leur volonté de devenir autonome ou de faire partie de l’Arménie.
A voir aussi : une cave représentant une tête de lion aux alentours de Vank. Et le Karvachar Geyser pour prendre un bain chaud naturel.
Spot de nuit dans le Haut – Kharabag : Le Forrest Camp ( 39.812425, 46.768406 ) . Un grand terrain en herbe près d’une rivière à Stepanakert. Douches solaires, cuisine, toilettes. L’endroit est encore en construction mais il est gratuit hors saison et permet de profiter des accommodations.
Notre route continue jusqu’au point le plus au sud de l’Arménie. De Goris à la frontière iranienne, les paysages nous envoûtent. On traverse des canyons, dort dans une vallée entourée de sommets rocheux enneigés. Notre dernier stop en Arménie est juste après le petit village de Meghri, face à l’Iran. Juste derrière la rivière surmontée d’impressionnantes montagnes sculptées dans la roche, ce pays qui me fait tant rêver m’attend.
En espérant que cet article vous ait plu. N’hésitez pas à nous poser vos questions en commentaires ou à nous laisser des messages d’amour…
2 Comments
L’Arménie a toujours été une destination qui nous a fait de l’oeil… Merci pour ces belles photos, on garde l’article sous le coude si un jour on se lance à la découverte de ce mystérieux pays !
On a été surpris par ce pays, on ne s’attendait pas à ça. L’Arménie est toute petite, montagneuse et regorge de jolis petits coins. C’est une destination qu’on ne peut que recommander. Et si vous aimez la randonnée vous allez vous régaler.